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Le numérique responsable, au cœur des enjeux du Développement Durable

Le numérique, bien qu’étant une ressource non renouvelable en voie d’épuisement, connaît depuis 1995 une croissance rapide. En effet, le poids de nos pages web a été multiplié par 191. Ce phénomène est souvent qualifié de “gras numérique”. Nos services numériques consomment de plus en plus d’énergie, sans que notre productivité ne diminue proportionnellement.

En 2022, l’empreinte numérique en France représentait 10 % de la consommation électrique annuelle et 2,5 % de l’empreinte carbone, soit un peu plus que le secteur des déchets (2 %). À l’échelle mondiale, elle équivaut à 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre, dépassant ainsi l’empreinte de l’aéronautique civile. Avec cette croissance significative, l’empreinte environnementale a fortement augmenté et devrait doubler en 15 ans, en partie à cause de l’arrivée de nouvelles technologies comme les objets connectés, l’intelligence artificielle et les mondes virtuels.

Numérique responsable

Le numérique responsable est au cœur des défis du développement durable, car il s’inscrit dans une démarche d’amélioration continue visant à réduire l’empreinte écologique, économique et sociale des technologies de l’information et de la communication. Au-delà de l’aspect environnemental, cette approche englobe des notions plus larges de responsabilité numérique, telles que l’accessibilité des services, la sécurité, l’écoconception, la performance et la sobriété.

 

L’objectif est de mieux comprendre les impacts du numérique et de promouvoir des actions pour un usage plus sobre et responsable. Cela vise à diminuer l’empreinte environnementale et les obstacles économiques, tout en offrant des services inclusifs.

1. Accessibilité

En France, 12 millions de personnes sont en situation de handicap. Pourtant les services numériques sont encore largement inadaptés à leurs besoins et leurs usages. Il est essentiel de bien comprendre les utilisateurs pour offrir un service simple et fluide. L’accessibilité numérique doit permettre à chacun d’accéder à l’information, aux contenus et aux fonctionnalités sans difficulté, quel que soit leur lieu de résidence (ou d’utilisation), leurs aptitudes physiques ou mentales, leurs ressources numériques, etc. Le but est d’être perceptible, utilisable, compréhensible et robuste.

 

Mais une nouvelle problématique est entrée en compte ces dernières années : l’illectronisme, qui concerne 1 personne sur 5 en France. L’illectronisme se traduit par une fracture numérique dû à un manque de compétences numériques de base, une exclusion qui touche principalement les personnes âgées. Les services de la vie quotidienne (services administratifs notamment) sont devenus numériques et donc bien moins accessibles par les moyens plus traditionnels.

 

L’accessibilité ne touche donc pas seulement les personnes en situation de handicap, mais aussi les personnes âgées, les daltoniens (ayant des difficultés avec certaines couleurs), les dyslexiques (ayant des troubles du langage) et plus encore. Pouvoir accéder à l’information sur un site ou une application est la première étape pour permettre à ces utilisateurs de la visualiser clairement et de la comprendre.

2. Écoconception

L’empreinte environnementale du numérique a fortement augmenté ces dernières années. À l’échelle mondiale, elle représente chaque année 1 500 millions de tonnes d’équivalent CO2 et 7,8 milliards de m³ d’eau, seulement pour le numérique connecté.

Cela s’explique en grande partie par des sites internet et des applications mal conçues. La complexité des interfaces, le poids du contenu et l’architecture mise en place rendent les pages web de plus en plus lourdes, accélérant l’obsolescence de nos appareils, qui peinent à supporter l’usage intensif et répété de ces services.

 

L’ecoconception numérique vise à intégrer l’environnement dès la conception d’un produit ou d’un service, et lors de toutes les étapes de son cycle de vie. C’est une démarche d’amélioration continue dans le but de concevoir un service numérique permettant de réduire son impact environnemental. En mai 2024, le premier référentiel dans ce domaine, le RGESN (Référentiel Général d’Écoconception de Services Numériques), a été publié, fournissant des critères pour guider les acteurs dans la conception de leurs interfaces.

 

L’UX (expérience utilisateur) joue un rôle clé dans la réduction de cet impact. En se concentrant uniquement sur l’unité fonctionnelle du produit et en simplifiant le parcours utilisateur, on peut alléger les interfaces. Cela inclut également l’optimisation des médias (images, vidéos, logos), la limitation des plugins et l’utilisation restreinte de services tiers. 

 

Par exemple, Google et Yahoo sont tous deux des moteurs de recherche, mais Google propose une interface centrée uniquement sur la fonction principale : la recherche. Cette simplicité se reflète dans le poids plus léger de sa page.

Au-delà de l’UX, des enjeux existent également au niveau du code et de l’architecture du service. L’hébergeur est-il « écologique » et adapté à la taille du service ? Le décommissionnement des données est-il prévu ? Est-il nécessaire de traiter un contenu si l’utilisateur ne le voit pas ?

 

Pour réduire l’empreinte d’une site web ou d’une application, il est donc crucial d’avoir la plus petite configuration requise côté internaute, en sollicitant le moins possible le réseau et les serveurs, tout en nécessitant le moins de serveurs possible.

3. Performance

La performance d’un site internet ou d’un service repose sur l’optimisation de son interface et de son contenu afin d’offrir une expérience utilisateur fluide et agréable. Celle-ci peut se caractériser notamment par une vitesse de chargement rapide, des visuels clairs et stables, une navigation simple et réactive, ainsi qu’une sécurité renforcée.

 

Un numérique responsable ne compromet pas la performance, bien au contraire. Améliorer l’impact environnemental du numérique contribue également à améliorer ses performances. En effet, des interfaces mieux conçues, plus inclusives et simplifiées permettent aux utilisateurs d’accéder plus rapidement à l’information. Les pages se chargent plus vite grâce à leur légèreté, les contenus deviennent plus clairs et accessibles à tous, et l’efficacité globale du service s’en trouve renforcée.

4. Sécurité

Dans un monde où le numérique est omniprésent dans notre vie professionnelle et personnelle, il est essentiel d’adopter des pratiques responsables afin de protéger les utilisateurs des menaces potentielles. Bien que les outils et services numériques simplifient souvent notre quotidien, les données que nous partageons peuvent facilement être détournées.

 

C’est pourquoi la loi française « Informatique et Libertés » (1978) a été instaurée, suivie et renforcée par le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) à l’échelle de l’Union européenne, afin de réguler le traitement des données de manière équitable et responsable. L’objectif est à la fois de renforcer les droits des individus et de responsabiliser les acteurs du numérique.

 

Depuis 1990, le nombre de plaintes auprès de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) a considérablement augmenté, passant de 1 222 plaintes en 1990 à 16 000 en 2023. La responsabilité numérique est ainsi devenue une priorité en Europe. La CNIL y joue un rôle crucial dans la protection des données personnelles et la régulation des technologies de l’information. Elle a pour mission d’informer et protéger le grand public, d’accompagner et de conseiller les professionnels et les pouvoirs publics, d’innover et d’anticiper les défis à venir tout en contrôlant et sanctionnant les manquements au règlement général sur la protection des données et à la loi.

5. Sobriété

La sobriété numérique, définit en 2008 par l’association Green IT, désigne la démarche qui consiste à concevoir des services numériques plus sobres et à modérer les usages quotidiens du numériques. Aujourd’hui, près de 80% des impacts du secteur sont liés à la fabrication des appareils. De plus, le renouvellement de nos équipements est encore trop fréquent, les appareils sont souvent trop puissants par rapport à nos usages et les utilisateurs ne sont pas bien informés de tous ces impacts. Par conséquent, la consommation énergétique et l’utilisation de matières premières augmentent et les déchets électroniques se multiplient.

Mais la sobriété ne représente pas seulement les méthodes et actions à mettre en place pour réduire nos usages et nos ressources ; elle représente aussi une stratégie.

 

Cependant, la sobriété numérique ne se limite pas aux actions visant à réduire nos usages et ressources. Elle constitue également une véritable stratégie. Face à l’omniprésence du « High-Tech », le mouvement « Low-Tech » a émergé, valorisant des outils, des équipements et des démarches orientés vers une économie de ressources. Le concept de low tech met l’accent sur la satisfaction des besoins essentiels de l’humanité (alimentation, accès à l’eau, santé, etc.) tout en tenant compte de l’impact environnemental des solutions mises en place. Dans cette approche plus responsable, la place du numérique, en particulier du high-tech, est réévaluée pour s’assurer de son utilité réelle tout au long du cycle de vie des produits et services.

L’adoption du low tech contribue à lutter contre l’obsolescence programmée, à réduire les déchets, à encourager la production locale et la création d’emplois, ainsi qu’à diminuer la consommation d’énergie. Cette démarche apporte donc des avantages pour chacun des piliers du développement durable.

 

Conclusion

Le numérique responsable se place donc au cœur du développement durable en encourageant des pratiques plus éthiques et plus sobres. Cela implique de revoir la façon dont nous concevons, utilisons et jetons nos appareils et services numériques, afin de minimiser leur impact sur l’environnement tout en maximisant leur accessibilité, leur sécurité et leur performance.

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